GERARD BOULET, peintre. C’est ainsi que se présentait le plus souvent celui qui fut, de 1989 à 2014, le président du CENTRE CULTURE ET LOISIRS de St. Chély que nous avons fondé ensemble en 1973
GERARD BOULET, peintre ! Cette proclamation disait la place que tenait pour lui la peinture : la plus haute, la plus exigeante, celle qu’il aura pratiquée sans cesse depuis son enfance, ses études aux Beaux-Arts de Nîmes, puis toutes ces années de création brutalement interrompues en un maudit jour de 2014, quelques semaines après avoir peint une de ses dernières toiles intitulée (pour une fois, il avait avancé un titre) de façon prémonitoire “ l’homme foudroyé “.
La peinture de Gérard, on ne la raconte pas. Impossible. Sa peur permanente de s’enliser dans un genre, un style, le poussait à se remettre en question, ouvrir des voies nouvelles, CREER , TOUJOURS CREER. Et pourtant, pas besoin de vérifier sa signature sur un de ses tableaux : ils portaient sa marque. Le trait, les couleurs et cette puissance qui s’en dégageait, cette vision du monde voire de l’univers non réduite à une représentation mais renfermant inquiétude et ironie, sérénité et tourments dans des formes plastiques voire des matériaux toujours renouvelés et maitrisés.
Une peinture que reflétait l’homme : cultivé, bourru dehors mais tellement tendre, inquiet et combatif, engagé dans les combats de la vie et traversé par la cruauté du monde autant que par sa beauté.
GERARD BOULET, peintre c’était sans doute la priorité de Gérard, mais il était tellement autre chose : poète (ce qui se traduisait par des écrits superbes mais qui imprégnaient sa conception de l’art), sculpteur d’exception, céramiste, graveur, affichiste, caricaturiste, illustrateur . . . . et ma plus grande surprise aura été la maitrise extraordinaire qu’il avait acquise de l’informatique dans ce qu’elle lui ouvrait comme champs nouveaux de création plastique.
GERARD BOULET, c’était le mépris pour l’art-marchandise, les “faiseurs“ ces faiseurs d’aujourd’hui côtés en bourse, guidés et produits par la mode et le marché, lui, c’est moralement qu’il avait ses élégances et ses exigences. Ce qui explique sa peur de devenir un “ sérial producteur “ vidé de sa capacité créative.
GERARD BOULET, c’était encore le théâtre. Une manière de recoller tous les arts qui le faisaient vivre : littérature et poésie, musique, éclairage et bien sûr création plastique. Avec le “ Théâtre du Granit “ il a durant trente ans produit des spectacles exigeants, mais toujours avec le souci de toucher un public populaire.
Gérard enfin, aura été l’irremplaçable cofondateur et président du Centre Culture et Loisirs qu’il animait à temps plein (et plus que plein) avec le point d’orgue annuel du FESTIVAL SAINT CHELY D’ARTE .
Gérard laisse derrière lui cette chose rare : UNE ŒUVRE. ŒUVRE D’ARTISTE qui nous émerveille par sa diversité et son unité. ŒUVRE D’HUMANISTE engagé dans les combats pour la culture, dont témoigne le CENTRE CULTURE ET LOISIRS, son enfant le plus cher que ses successeurs s’efforcent de faire vivre et grandir dans l’esprit qu’il lui avait insufflé.
Guy GALVIER.
Peindre pour moi c’est creuser des apparences aussi loin qu’ont peut pour arracher à l’inconnu des morceaux d’un monde qui n’appartient qu’à moi même, mais qui, cependant questionne tout le monde. . .
Car à travers un tableau, le peintre pose ses interrogations et ses partis pris sur le monde
Gérard BOULET.
Gérard BOULET est décédé le 18 janvier 2014.